Le 31 mars prochain sera un jour de grève nationale en Belgique.
Aéroports à l’arrêt, transports en commun touchés, écoles perturbées, cette grève se veut interprofessionnelle. Et pour cause, chacune et chacun d’entre nous est concerné.e par lorsqu’il s’agit de conserver des services publics de qualité, une pension décente ou encore un pouvoir d’achat permettant de (sur)vivre à la précarité rampante.
Les femmes, particulièrement impactées
Réforme des pensions, maintien du statut de co-habitant·e, suppression progressive de la pension de survie, l’élargissement des horaires de travail (y compris la nuit et le dimanche) et la pression accrue sur les personnes en maladie de longue durée “fragiliseront encore plus les femmes, surtout celles déjà en situation précaire”. Meron Knikman, la présidente du Vrouwenraad, une association coupole comptant plusieurs dizaines de membres, réagissait dans les colonnes de la RTBF en février dernier à l’accord de gouvernement fédéral :
» (…) nous découvrons que les femmes seront durement touchées par les mesures annoncées. Si on prend le calcul de la pension par exemple, le changement dans les périodes prises en compte va impacter les femmes en premier lieu. Elles sont surreprésentées dans les mi-temps, et les interruptions de carrière, notamment parce qu’elles effectuent encore le travail domestique non rémunéré, une réalité qui n’a pas été prise en considération dans cette réforme. (…) Et les mesures qui ciblent les malades longue durée, qui doivent être ‘réactivé·es’, ont aussi un impact genré puisque ce sont majoritairement des femmes qui sont concernées, qui ne sont pas dans des situations faciles ou qui souffrent de maladie chronique. »
Quid du gender mainstreaming ? « Cette obligation légale des gouvernements à analyser l’impact de leurs mesures sur les femmes et les hommes et à rectifier le tir en cas de différences – a vraisemblablement disparu », s’inquiète Vie Féminine dans son communiqué de février, précisant qu’elle » s’alarme de l’effet des politiques annoncées sur la situation des femmes, déjà statistiquement plus précaires que les hommes. Lorsqu’on affaiblit leur autonomie économique, c’est bien aux droits des femmes que l’on s’attaque. Ce gouvernement n’est pas seulement anti-social, il est de facto anti-femmes. »
Et d’ajouter que « la flexibilisation accrue du marché du travail (fin de l’interdiction du travail le dimanche, début du travail de nuit à minuit plutôt qu’à 20h, etc.) risque d’entraîner une dégradation supplémentaire des conditions de travail et rendre la conciliation entre vie privée et vie professionnelle encore plus compliquée… Conciliation qui repose largement sur les épaules des femmes « . Et « que dire encore des chômeuses qui se verront exclues des allocations de chômage après deux années, ou des femmes migrantes qui subiront de plein fouet une politique migratoire extrêmement dure qui remet en cause les droits fondamentaux ? »
Vous l’aurez compris, les femmes, déjà plus précaires que les hommes, seront particulièrement impactées par les mesures annoncées dans l’accord fédéral. Des effets d’autant plus désastreux pour celles qui se trouvent au croisement de plusieurs oppressions : femmes racisées, sans-papiers, sans-emploi, mères solo, en situation de handicap, souffrant de douleurs chroniques, …
Sans oublier malheureusement le fascisme rampant partout en Europe. Est-il encore nécessaire de rappeler que l’extrême droite est, a été et sera toujours un ennemi des femmes et des minorités sexuelles et de genre dont il attaque constamment les droits les plus fondamentaux ?
Nous avons besoin d’une société dans laquelle les priorités politiques seraient d’investir dans les services publics, dans le secteur non-marchand, dans la prévention des violences basées sur le genre, dans la lutte contre les oppressions racistes, validistes, LGBTQUIAphobes et capitalistes.
Cette grève est donc bien une grève féministe ! C’est pourquoi nous fermerons nos portes ce jour-là en soutien avec tous les autres secteurs en lutte.
A l’heure où nous rédigeons ces lignes, nous ne disposons pas encore de toutes les informations mais un grèvibus féministe devrait faire le tour des piquets de grève. Pour en savoir plus, suivez les infos du Collecti.e.f 8 maars – Bruxelles ou encore les sections régionales de l’initiative citoyenne Commune colère.
