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Accessibilité dans la lutte contre les violences de genre: retour sur notre conférence

 

Conférence sur l'enjeu de l'accessibilité

Le 12 juin s’est tenue notre conférence clôturant un an de projet sur l’accessibilité et l’inclusion des femmes (selon autodéfinition) en situation de handicap au programme de prévention primaire des violences de genre. Un projet subsidié par Equal Brussels, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes et les politiques fédérales.

L’accessibilité, en plus d’être un enjeu pour l’ensemble de la société, est crucial dans la lutte contre les violences de genre. Les femmes en situation de handicap étant en moyenne 5 fois plus confrontées aux violences que les femmes valides ou les hommes en situation de handicap, il est fondamental qu’elles puissent être actrices de leur sécurité. 

Au total, c’est une septantaine de personnes qui étaient réunies pour s’outiller quant à cet enjeu crucial qu’est l’accessibilité, la concrétiser réellement mais également, nous l’espérons, poser ensemble les jalons d’une réflexion plus globale sur comment lutter efficacement contre toute forme de validisme et de psychovalidisme.

Une réflexion qui ne peut se faire que par et avec les personnes concernées, que nous remercions encore très chaleureusement pour leurs interventions passionnantes et tout le travail de consultance en amont de cette conférence. N’hésitez pas à (re) découvrir nos différentes intervenantes dans le programme de la conférence.

Les objectifs de cette conférence étaient multiples : comprendre la nature systémique du validisme et du psyvalidisme et leur lien avec les violences de genre, dresser un constat détaillé des obstacles concrets en matière d’accessibilité, dans l’accès aux services de prévention primaire et d’accueil des victimes ainsi que dans tous les services à la personne et ce, en donnant la parole aux personnes concernées; faire connaître les bonnes pratiques en accessibilité et échanger à leur sujet avec les services susmentionnés et enfin, œuvrer ensemble pour placer la lutte contre le validisme et le psychovalidisme au coeur de toutes nos pratiques et en haut des priorités politiques, en particulier en matière de financement public.

À la modération comme aux interventions, la qualité fut au rendez-vous. Nombreuses sont les personnes du public qui sont intervenues spontanément lors des temps d’échanges, nourrissant le contenu de la conférence. Nous les en remercions vivement !

  • L’accessibilité à Garance 

À Garance, cela fait plus de 10 ans que que nous développons des formations d’autodéfense féministe adaptées aux femmes en situation de handicap intellectuel, auditif, visuel et physique. Mais nous avions des difficultés à atteindre ce public. Ce qui était un frein direct à leur participation. C’est pourquoi nous avons posé un diagnostique de toutes nos difficultés en la matière et avons lancé plusieurs chantiers :

  • Installation d’une boucle à induction dans la salle de formation : notre salle de formation est désormais équipée d’une boucle à induction magnétique, et est donc plus accessible aux personnes dotées d’un appareil auditif. Nous avons aussi acheté une boucle à induction portative pour nos animations en dehors de notre salle. Elle fut d’ailleurs utilisée lors de la conférence.
  • Une signalétique adaptée dans nos bureaux : l’asbl Passe-Muraille nous a conseillé une signalétique accessible, à la fois à l’intérieur de nos bureaux et salle de formation et pour facilement les atteindre dès l’entrée dans le bâtiment.
  • La formation des équipes de Garance à l’accessibilité afin qu’elle ne repose pas sur une seule personne référente : formation à l’écriture en FALC (Facile à lire et à comprendre).
  • La réalisation de vidéos en langue des signes avec l’asbl L’Escale et de contenus en FALC.
  • La réalisation d’audiodescriptions.
  • La refonte complète de notre site internet afin que son accessibilité soit pensée dès l’élaboration de son nouveau design et de son arborescence.  Les contrastes de couleurs ainsi que l’expérience utilisatrice répondent également aux critères d’accessibilité.  Un travail réalisé avec l’agence Switch, choisie pour son expérience probante dans l’accessibilité numérique.

Ces aménagements, toute asbl devrait pouvoir les offrir à ses bénéficiaires ainsi qu’à ses travailleuses et travailleurs. En effet, l’enjeu est double : permettre aux femmes en situation de handicap de suivre nos formations dans les meilleures conditions mais aussi de travailler au sein de Garance avec les aménagements nécessaires.

Enfin, être accessible, ça signifie aussi que toutes les travailleuses soient  formées à l’accessibilité, par exemple à la rédaction en FALC ou à l’usage d’une boucle à induction. Même si c’est compliqué dans les faits, il est important de ne pas faire reposer les questions d’accessibilité et d’inclusion sur une seule personne référente. En outre, ces pratiques en accessibilité sont souvent initiées par une personne concerné.e. Leur pérennité dépend donc de sa présence dans la structure. L’accessibilité doit être une responsabilité collective, elle doit être une priorité politique !

Or actuellement, la question de l’accessibilité des personnes en situation de handicap est encore souvent pensée à la marge, et non dès la genèse de tous nos projets.

Lorsque l’on s’attelle à rendre accessible son service, sa communication et ses équipes, on découvre rapidement qu’il ne s’agit pas uniquement d’une question de volonté. Être un service réellement accessible, acquérir de bonnes pratiques c’est compliqué. Les démarches prennent du temps et coûtent cher. Mais nous ne pouvons pas en faire l’impasse.

En effet, pour lutter efficacement contre les violences de genre, il nous faut des services accessibles et qui tiennent compte des besoins spécifiques de toutes les femmes, en  particulier celles au croisement de plusieurs oppressions. Les femmes en situation de handicap mais également les femmes précaires, les femmes dont le français n’est pas la langue maternelle ou celles qui ne le parlent pas. Et celles qui combinent toutes ces difficultés.

Pour notre part, nous ne nous arrêterons pas en si bon chemin en matière d’accessibilité.

 

 

 

Merci à Louise Decroly pour les photos

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